Phénix
shg |
Comme les vraies saisons sont lentes
et comme les montagnes sont arides
Comme les hommes sont présents
sans sentir le flot de leur cœur
Comme les vagues de la mer
meurent les unes dans les autres
pour produire une lueur
à la crête des plus avides
Le poète écoute le Temps qui inscrit
très près de son cœur
les traits d'une plume de fer
...
C'est ce qui le porte vivant
à traverser au dernier jour
une eau calme souterraine
Et ce qui fleurira les arbres
et dès après son départ
poussera plus follement
la harpe énorme des vents
Ce qui soulèvera d'amour
la vaste poitrine du sol
quand l'étoile bleue de sa mort
apparaîtra sur la plaine
...
Pierre Jean Jouve
" Lyrique "
(extrait)