samedi 30 mai 2015






Les arbres qui...













Les arbres qui dorment dans les pas de ciels voyageurs
ont mille secrets qu'ils gardent et ne diront jamais.
                                                  






shg
mai 2015






















vendredi 29 mai 2015








Vies parallèles






                                                      Paul Gauguin





Musiciens et poètes 

Un souffle plus léger que le vol d'une abeille
Une musique dans un froissement d'ailes
Une voix sans paroles
Écho percutant le quartz de nos cœurs
Présences immatérielles
Qui dissocient le temps et le nombre
Et désintègrent l'homme même
Visage aux mille visages
Aux teintes des saisons
Profonds comme le ciel
Vous êtes dictames à nos blessures
Flammes fidèles
Murmures de nos solitudes
Vos rêves sont nos chevauchées
Vous êtes la mer et vous êtes le vent
Vous cabotez les messages du temps
Vous êtes la pensée continue.

                                                                    






Anne Dupin
 février 1965


















mercredi 27 mai 2015








L'éveil des forges






Portrait d'africaine               craie d'art                        Anne Dupin






À mordre la poussière du sang
Un soir de tendresse esseulée
Je ne vis que par des nerfs
Embrassés de solitude
Une grande déchirure 
Au coin de l'être
Un creux insoupçonné.
                                         




Guy Alix  1976
      "L'éveil des forges"
  (extrait) 






























À l'orée du silence






"Arbres dans la ville"                                Bénédicte Garnier




Apprendre à dire feuille après feuille
Frênes et lilas
Aussi les chants de l'automne
Et les mauves qui ne fanent pas
La borne souffrante d'une croix
Près de la lente allée verte
Où s'écrie l'école
La voix de l'enfance
Jamais ne se couvre de poussière
L'ombre des platanes
Dévoile un sol de samares
Un pays de neige sans blessure
Aux lisières des étoiles 
Et des feuillaisons du temps.
                                           







Jean-Pierre Boulic
" Patiente variation"
(extrait)



















mardi 26 mai 2015




Chemin perdu






                                                                                    Jean Jansem








Je me suis étendu sous les piliers de cendre
Et tu t'es élevé sur des colonnes d'or
Aux gouffres du malheur je ne peux plus descendre
Le ciel est dépassé
Il surplombe la mort
Je me suis évadé des lignes trop obscures
Et je ne peux plus revenir
J'ai recouvert de sel les traits de ma figure
Et je n'ai plus de place au monde que j'ai fui
Cherche le soleil
Cherche dans les ténèbres
Et cherche dans ton cœur un impossible écho
Vers les trainées d'ennui de l'exil en toi-même
Plus haut.
                                                                    






 Pierre Reverdy
  "Le chant des morts"
(extrait)

















lundi 25 mai 2015





Saignées






"Arbre"                                                                Piet   Mondrian   






À hauteur idéale de la terre
l'arbre n'entends plus
l'ombre griffer le sol
Il dilapide ses feuilles
 d'un revers de branche.
                                     
                                   





 Frank Holden
"Saignées" 1971






























 

dimanche 24 mai 2015




Attente





                                                 Claude Manet





Il se peut qu'on émeuve encore le dormeur
Enseveli sous des lambeaux de rêve à fond de cale
Il se peut qu'on atteigne encore la lueur
Qui grimpe à l'horizon de branche en branche
Mais toi tu règnes sur les mirages du désert
Sur les temples glacés dans les rues millénaires
Quand les fards du sommeil s'éboulent dans la nuit
Dans la tête étoilée des feux de la distance
Ma paresse de plomb attend le court-circuit
Et tout pèse trop lourd quand l'orgueil se soulève
                                                                       






 Pierre Reverdy
"Attente"
(extrait)









 

samedi 23 mai 2015







Les murs du silence






"Christus Hypercubus "                                    Salvador Dali





Les murs du silence
exhaussent un peu plus l'azur chaque matin
faudra-t-il gravir
pierre par pierre
mot par mot
ou bien se démettre
et tourner en vain dans la geôle?
Peut-être un jour d'allégresse humaine
verrons-nous la Parole
qui brille dans le ciel
et puis son ombre
telle une croix sur le sol.

                                                    





Hélène Cadou


















jeudi 21 mai 2015







Comme une image







Arlequin                                           Pablo Picasso






Les étoiles ont pris la place de la nuit
Il n'y a plu que des étoiles toutes les aubes
Et la naissance de toutes les saisons du sommeil
Le visage des mains inconnues qui se lient
Vies échangées toutes les découvertes
Pour animer les formes confondues
Claires ou closes  lourdes ou tout en tête
Pour dormir ou pour s'éveiller
Le front contre les étoiles.
                                                                     





Paul Eluard
   Capital de la douleur
   "Comme une image"
 (extrait)























Le vent 






Ibis sous la neige                                              Estampe du Japon





Les arbres qui traversent le temps
Au pas lent des saisons
Ont mille choses à nous dire
Qu'ils écrivent dans le vent. 
                                                           
                                                             






shg
mai 2015



























 

mercredi 20 mai 2015





Les petits justes






"Vahiné no té vi"    "la jeune fille à la mangue"                                              Paul Gauguin







VII
La nature s'est prise aux filets de la vie.
L'arbre, ton ombre, montre sa chair nue, le ciel.
Il a la voix du sable et le geste du vent.
Et tout ce que tu dis bouge derrière toi.

IX
Sur ce ciel délabré, sur ces vitres d'eau douce,
Quel visage viendra, coquillage sonore,
Annoncer que la nuit de l'amour touche au jour,
Bouche ouverte liée à la bouche fermée.

                                                                           





Paul Eluard
"Capital de la douleur"
(extrait)
























mardi 19 mai 2015

                                               





Les pas du silence





Dessin                                                Egon   Schiele





Dans les pas d'un silence léger
aux empreintes de neige
un vent blanc d'aube rare,
 comme l'oiseau léger 
a rallumé ma nuit,

Ô transparence de l'instant
où l'éclair insouciant foudroie le jour;
dans une écume de ciel
 les mensonges de l'ombre 
en résonnent encore.

Un ange déploie ses ailes
 creusant l'air profond
découpant le miroir en mille éclats de rêves
que pas même un regard innocent 
ne saurait retenir.

Je me laisse emporter
dans le courant de jours aux couleurs criardes
mais je ferme les yeux et me bouche les oreilles
un oiseau bourdonne
une rivière chante
un arbre danse
et une main sort de terre 
qui me salue.

                                                                 









shg 
mai 2015

















dimanche 17 mai 2015




Le nom des morts



 

Dan Mc Caw






Qui demande le nom des morts?
Ils ont nom de substance
de sable et d'ossements
Ne croyez pas qu'un ciel
aux furtives splendeurs
couve sous le chiendent.
Il y a seulement 
la poussière des corps.

Mais quelle preuve légère
s'anime au bord du jour
Quel bonheur d'âme flotte
 dans la transparence de l'air?
N'espérez pas détourner le miracle
Déjà le pollen est pétale 
et mille chemin d'azur
écartèlent la nuit.
Vous parliez de silex
de cendre
de refus
mais à la pointe de l'espoir
il y a ce front tendu
Ce dialogue qui se perpétue.

                                            




Hélène Cadou



















Vieille lune




Portrait de jeune garçon                      Raphaël






Perdu comme cette vieille lune
Qui meure depuis des millénaires
Un homme pauvre en larmes
cherche une rose morte.
Comme une vie passe vite
Dans l'ombre claire de Dieu
A peine a-t-on dit aujourd'hui
Que demain est effacé.
Ainsi meurent les années
Avec leurs rêves, leurs attentes, leurs jeux
Et ainsi meure le temps
Dans lequel pèsent les fleurs.

                                                                






 Hans Arp
"Sophie"
 (extrait)
















samedi 16 mai 2015





Ma principale cabane







canards japonais                           peinture sur fond or                       inconnu 1965 Japon






Secrète et lumineuse cabane
dans la jungle des jours assombris,
Tu es mon refuge à l'ombre des mots
dans le silence touffu des arbres,
Tu es ma tente berbère sertie
dans les replis dorés des dunes du désert
où se fait mon voyage,
Tu es ma sève fraîche, ma rosée lunaire,
 une renaissance à l'aube de chaque matin,
 Tu es le chant muet de l'oiseau
qui efface le tumulte du jour,
Tu es un cri silencieux de source fraîche
qui respire au profond de moi-même,
Pour ne pas me perdre
et pour me retrouver 
et enfin me reconnaître.
                                       




  shg
  avril 2015







jeudi 14 mai 2015




Au feu de quelle étoile 







Portrait de jeune fille                                        Diego Velasquez







Au feu de quelle étoile, à l’or de quelle rive,
Avons-nous quelquefois réchauffé nos pieds lourds ?
Dans quel espace vain flottant à la dérive
Et rongé par la lèpre invisible des jours ?

Qui sommes-nous, perdus comme un sanglot d’écume
Parmi les fleuves las où saignent nos élans ?
Qui sommes-nous, tachés de soleil et de brume
Et si riches de dons et de vœux chancelants ?

                                                                           


                                                                   Thierry Cabot
                                                                        "à Léane"
                                                                          (extrait)