Si nous montions d'un degré
dans ce monde sans images
Vers la plainte d'un berger
qui est seul et qui a froid
Vers une main généreuse
qui se tend et que l'on souille
Vers un aveugle humilié
de se cogner aux fenêtres
Vers l'excuse désolée
d'un malheureux sans excuses
Vers le bavardage bête
des victimes consolées
Semaines dimanches lâches
qui s'épanchent dans le vide
Et je tremble comme un arbre
au passage des saisons
Ma sève n'est qu'une excuse
mon sang n'est qu'une raison
Si nous montions d'un degré
Paul Eluard
"Poésie ininterrompue"
(extrait)