Chant de la lointaine
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| Carl Mélégari |
Je ne me souviens plus au coin de quelle route
ma vie a déposé le fardeau de l'espoir ;
et j'ai vu tout mourir, la foi comme le doute,
la tristesse du jour comme l'ennui du soir.
Je me sius embarqué, sur le fleuve des âmes,
pour le royaume des orgueil découronnés,
et mon indifférence abandonne les rames
à l'onde Léthéenne où je me reconnais ;
Et mon cœur est la cloche où s'exaspère et clame
sous le batail géant un sinistre péan,
et le néant de tout se couche sur mon âme
comme sur les noyés le poids de l'océan.
O.V. de L. Milosz
"Le poème des décadences"
(extrait)
