dimanche 15 mars 2015








Errance






  Huile au couteau à peindre                          A. Dupin








 Les heures tièdes de l'hiver qui se défait
tisse dans mon corps une paresse maladive
Mon regard agrandi se pose avec étonnement
sur les choses familières et s'en détache lassé.

Il n'est plus d'évidente nécessité derrière les portes
entr'ouvertes de ma demeure
Et me voici errant de par les chambres silencieuses
Allégée, sans contrainte, comme en visite.
Étrange errance de mon corps aux limites trop neuves
Et qui souffre de se sentir éphémère.
Combien seront-elles les heures enchaînées 
De cette promenade d'outre-monde?
Et quand résonne le lourd gong dans les forêts du temps
N'irai-je pas retomber en poussière
Dans le velours de celle qui ternit insensiblement
La brillance des beaux vieux meubles
Et adoucit le froid mordant des grands dallages?

                                                                            






Anne Dupin
 février 1965