lundi 4 mai 2015



Piranèse





Jérome Bosch







Je vous écris avec une encre sans pardon
pour la mémoire et le stylite. Une colonne et puis une autre
dressent un temple imaginaire où les nuages se défont,
Je vous écris d'une prison où sont les fosses si profondes
qu'on y devine entre les murs des escaliers sans fin, tournant
jusqu'au plus noir du noir comme au cœur de silence
Je vous écris à voix posée comme un langage de captifs
pris dans leur solitude et plus grands, d'un abîme
d'où s'élève l'architecture des raisons,
des raisons folles, des tours de Babel, des idées
plantées dans l'eau et l'eau emporte leurs reflets.

                                                                             






Pierre Seghers 
"Piranèse" 1961