mercredi 3 juin 2015






Convoitise






                                                        Edvard Munch                  


           


               
Si tu vas sur la terre où rien n'est dépoli
Le sucre de tes lèvres sur les pierres solaires
Les tiges dégarnies des pensées millénaires
Et le cœur agrandi
Au premier tournant du paysage sous le ciel
Le ciel vert
Le ciel dur
Le ciel qui pèse où qui fuit
Mais ce matin je me jette sur l'horizon qui tourne
Sur les trous de clarté de la terre qui roule
Et sur les pas pressés de cette mer qui coule
Avec toute ma vie cruelle et oppressée
Ce matin tout est lavé par les éponges de la nuit
Les yeux neufs regardent les meubles de la terre
Les arbres bien taillés dans leurs socles de pierre
Et les nuages blancs dans leur cage de verre
Ma douleur enfouie
Car les sentiments sont trop grands pour ce corps trop étroit
La chair est étirée par l'esprit qui s'évade
Et les cris étouffés dans la rumeur des caves
Où la lumière arrive à peine et meure de froid
                                                                                               






Pierre Reverdy
 Main d'œuvre
(extrait)