mercredi 6 mai 2015







La honte







Sylvia Grav






             De combien d'yeux, 
             Et de combien de larmes sont nés les océans?
             Par combien de chemins s'écoulent les cris de nos malheurs
            Quand les dieux atterrés se cachent pour toujours.
            Quand ils ferment les yeux sur l'insoutenable horreur?

           Nos guerres, nos massacres, nos tueries, 
           Nos tortures, nos viols, nos mensonges.
           Par combien de remparts adossés
       Peut survivre ma raison protégée?

     Et par quels yeux
     Peut-on garder l'innocence dans une semblable vision?
     Et quels chemins alors autorisent encore l'innocence d'une danse
     Quand les dieux atterrés se cachent pour toujours.
    Quand ils ferment les yeux sur l'insoutenable horreur?

      Rien que durcir le cœur et assourdir les yeux...
     Que faire au quotidien 
     Pour supporter la honte
    D'appartenir au genre humain?

     Et pourtant quel chavirement du cœur,
    Quel irrépressible envolée de l'âme
   Quel éblouissement de l'esprit sensible
    A peine effleuré par rien de plus que l'ombre du Beau.

             Infime impact presque mortel
            Imperceptible attouchement
        Sur quelle région insoupçonnée de l'être.
         Rien ne résiste à cet éclair
         A cette silencieuse et magique échappée
             Ô salvatrice dissolution.
 
                             

                                


shg
avril 2015