Nocturne
Johan Jacob Gensler |
L'encre des nuits derrière les paupières
le poids froid des pierres
dans l'angle tranchant des maisons
leur face contre terre
la cheminée trop longue
étirée comme un doigt
qui compterait les arbres de la plaine
le regard ose à peine quitter
Le refuge glacé
la mature du toit
sa voilure trop blanche
la lune fascinante.
Nuits inhospitalières
tout ce faix de silence
ces couteaux de lumière
les clignements d'yeux des étoiles
l'aile d'aigle du mystère
la route immobile endormie
et la forêt tapie.
Chaque nuit cette mort simulée
cette macabre comédie
les cœurs parlent en sourdine
en la grotte embrasée des poitrines
sous la plume ou le poil
ou dessus l'oreiller.
Tous ces cauchemars
toutes ces nuits hantées...
Les bêtes rêvent-elles ainsi
douloureusement tourmentées?
Anne Dupin
août 1965