mercredi 18 février 2015









Insomnie   








Christophe  Hohler














Les longues chevauchées dans le marais des heures
Aux dents une fleur vénéneuse, halte menteuse...
Le chanvre des années au fuseau qui grossit,
Parfois la nuit le rouet tourne à rebours...
Il n'y a plus d'amour au creux de l'oreiller.
On joint avec force les paupières, on voudrait les souder
Pousser les grilles de la nuit, dormir, oublier
La tête se retourne comme un pavé jeté,
La horde des moutons en un long défilé.
Par delà les hauts murs dans les prairies du temps
Une herbe mauve et dure, croissant inexorablement...
Les astres dans le noir se sont vêtus de bure
Et soudain l'on a froid, on se sent pauvre et nu.
 






Anne Dupin
juillet 1965